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ERIC FAYE - LA DUREE
D'UNE VIE SANS TOI
Sauveterre, bourg du Massif Central,
est soudain vidé de ses habitants, suite à un
ordre d'évacuation : des équipes de déminage
vont s'atteler pendant une semaine à évacuer des obus
datant de la première Guerre Mondiale, qui y avaient
été déposés. Mais c'est un tout
autre genre de « bombes à retardement » que
Marin Sérianne, resté seul dans ce village
fantôme dont il est originaire, va tenter de désamorcer
: celles de son passé qui n'a de cesse de le hanter
et l'empêche d'exister pleinement. Dans une atmosphère
enneigée et silencieuse, Sauveterre devient le décor
fantomatique de défilés spectraux dont le protagoniste
se lance à la poursuite, pour s'y confronter, dans l'espoir
ultime de s'en libérer. Dans ce récit, construit
sur de multiples réseaux symboliques - ainsi, c'est à
la veille de l'épiphanie et à l'aube d'un nouveau
siècle que le protagoniste se met en quête d'une renaissance
à la vie - Eric Faye laisse libre cours aux doutes et
aux désirs qui affleurent à des consciences
inquiètes et lucides. Il y ajoute un certain suspens
quant à l'issue de cette lutte d'un vivant pour se
rendre maître d'une existence qu'il souhaite libre et
singulière, tout comme l'a tenté cette jeune
femme déclarée disparue depuis des mois, qu'il
retrouve à Sauveterre
A.L.
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DANIEL
PENNAC - LE DICTATEUR ET LE HAMAC
Si hamac rime avec Pennac, c'est parce que l'auteur s'offre ce bain de soleil
qui nous propulse au coeur du Brésil pour y rejoindre le dictateur
- ou plutôt les dictateurs - Pereira Da Ponte. Telle est bien la matière du
roman : entre le hamac de Pennac et son dictateur globe-trotter, il y a ce
ballet de sosies qui passent, se lassent ou trépassent.
Pennac nous lance à la poursuite de ces êtres, dont les portraits
s'enchevêtrent, courant parfois le risque de la fragmentation : il n'est pas
toujours facile, en effet, pour le lecteur de se repérer au milieu de cette
foule d'imposteurs. Mais ces portraits n'en restent pas moins des plus savoureux
car taillés sur le vif, un vif tantôt tragique et amer, tantôt léger
et drôle,
mélange riche à la manière de Charlie Chaplin dont il est si souvent question
dans le roman. Enfin, on y aperçoit, en toile de fond, l'auteur au travail,
qui se met lui-même en scène : le roman acquiert par là un côté quelque peu
expérimental où le réel se mêle au fictionnel de façon explicite. Les frontières
entre la littérature et la réalité deviennent mouvantes et n'ont au fond
que peu d'importance dans ce monde de sosies, où le vrai n'est pas forcément
le meilleur.
A.L.
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